Traumatisme de naissance
Pourquoi parler de traumatisme de naissance pour un évènement heureux ? Déjà, parce que ce n’est pas toujours le cas, c’est une réalité. Ce moment suspendu dans le temps où la mort et la vie se côtoient. Dans notre société moderne, la mort est moins présente, le taux de mortalité ayant beaucoup diminué notamment grâce à une meilleure alimentation et à une meilleure hygiène.
Toutefois, ce moment reste une épreuve pour la maman, mais avant tout pour le bébé. La pré-conception, la grossesse et les mois qui vont suivre ont une grande importance pour la suite de notre aventure terrestre et dont les conséquences peuvent être très importantes dans notre vie. Voir à ce sujet-là la page sur mes expertises.
J’aimerais axer cet article sur la notion de vie et de mort autour de la naissance et les reproductions familiales. Combien de fois ai-je constaté que les personnes ayant eu une naissance complexe ont un rapport différent à la mort.
Bien entendu, la mort fait partie du quotidien de tout un chacun et la seule vérité qui existe est que toute vie finit par la mort. Toutefois, elle semble prendre une autre dimension pour les personnes ayant une faille plus grande liée à ce traumatisme de naissance.
J’ai constaté deux cas de figure pour le traumatisme de naissance :
+ Forts épisodes dépressifs, tentatives de suicide. Une pulsion de mort est présente, elle passe inaperçue la plupart du temps. Néanmoins, lors de certains passages de vie, la pulsion augmente et peut devenir très présente, avec cette envie d’en finir, de quitter la Terre. Certains passent à l’acte et d’autres arrivent à s’en sortir. Derrière se cache l’idée de ne pas réussir à exister, de se sentir finalement illégitime d’être vivant.
+ Mort des Proches. Quand je parle des proches, j’évoque ici les parents (perte d’un ou des parents jeunes, suicide ou maladie d’un ou des parents), frère/sœur, enfants. Je ne parle pas ici des grands-parents, tantes et oncles…
De ce que j’ai pu constater, on rentre dans un seul des cas, pas les deux.
Personnellement, j’ai expérimenté le premier cas de figure. Ma naissance a été des plus complexes. Ma mère a failli me perdre en début de grossesse (dans les trois premiers mois), puis a été hospitalisée à 6 mois de grossesse, car il était trop tôt pour moi de sortir et l’accouchement a été très rapide (25 minutes). Un an après ma naissance, ma mère a dû avorter d’un bébé à contrecœur. J’étais avec elle au moment de l’avortement. Ainsi, j’ai développé la croyance que je ne méritais pas de vivre, avec ce besoin de prouver à tout le monde que j’avais de la valeur.
Tout cela a eu un impact majeur sur ma vie, sur les expériences que j’allais vivre. Jusqu’à il y a quelques mois j’avais une grande colère contre ma mère que je ne m’expliquais pas, je lui en voulais sans bien comprendre mentalement pourquoi. La mort s’est invité à plusieurs reprises dans ma vie. J’ai commencé par une tentative de suicide à 17 ans et chaque grande blessure émotionnelle était l’occasion pour moi de remettre sur le tapis ce besoin d’en finir, de partir. J’ai lutté des années durant.
Cela ne fait plus partie de ma réalité aujourd’hui, l’envie de mourir m’a quitté et celle de vivre s’installe durablement. Mon corps était très marqué par tout cela. J’ai serré les poings toute ma vie, le soir en m’endormant. Et ce traumatisme passe d’une génération à l’autre. Mes deux filles portent en elles les stigmates même si le travail que j’ai réalisé les aide beaucoup, elles devront probablement réaliser un travail dessus à l’âge adulte. Tout comme les générations précédentes sont concernées, généralement par des bébés morts nés (in-utéro ou à la naissance), décès des parents, problématique de filiation…
Pour le deuxième cas de figure, j’ai accompagné des personnes ayant vécu le suicide de leurs parents ou leur perte durant l’enfance, la mort d’enfants in-utéro ou à la naissance, la perte prématurée de frères et de sœurs. Certains ont expérimenté de nombreuses morts : plusieurs enfants, décès des deux parents ensemble ou séparément… La mort semble rôder autour d’eux, à ces pertes s’ajoutent bien souvent des décès d’amis, d’animaux de manière tragique…
Ainsi, les personnes ayant vécu ce traumatisme de naissance ont des difficultés à faire des enfants ou décident assez jeune de ne pas en faire. Pour ceux qui arrivent à trouver des solutions pour devenir parents, bien souvent, c’est un parcours du combattant pour devenir mère ou père, comme si finalement ce rôle n’était finalement pas fait pour eux. Avec cette question lancinante : ai-je bien fait de faire des enfants ? Ce parcours n’est pas le parcours de tout le monde et la profondeur de la blessure n’est pas toujours aussi importante, cela peut passer inaperçu, au moins une bonne partie de sa vie. Il n’est pas possible de réécrire l’histoire qui a été vécue jusqu’à présent toutefois il me semble possible de tourner la page et d’écrire le reste de sa vie autrement, plus sereinement.
Pour peut-être accueillir des enfants ou modifier le rapport à ses propres enfants, accepter d’ouvrir son cœur à la vie qui demande à s’exprimer.
L’idée est aussi de finir un cycle avec soi, pour soi et pour les générations à venir.
Honnêtement, c’est un processus qui peut demander des années selon la profondeur de la blessure. Le traumatisme de naissance est une blessure qui demande douceur, patience et beaucoup d’amour.
0 commentaires