Le chamanisme est à la mode actuellement et les cérémonies se multiplient autour de plantes telles que le cacao, l’ayahuasca ou encore le tabac.

J’ai envie de vous partager mon regard sur le chaman et le chamanisme d’un point de vue plus global. Le chamanisme existe depuis la nuit des temps, car il est l’essence même, je dirai la connexion et l’interdépendance de tout ce qui existe et de tout ce qui a existé. J’y perçois l’unité de toute chose.

Un chaman a cette capacité de voyager entre les mondes, de se relier aux éléments, aux ancêtres et permettre une amélioration pour la personne qu’elle cherche à aider. Je ne parle pas ici de guérison pour deux raisons : je ne veux pas m’attirer les foudres des régulateurs, mais aussi dans cette notion de toute-puissance qu’implique une guérison. Peut-on affirmer qu’une guérison est complète ? Je trouve cela plus approprié de parler d’amélioration, c’est plus juste à mon sens.

J’ai entendu à plusieurs reprises que tout le monde pouvait être chaman et que le chamanisme concernait tout le monde. Pour le chamanisme, il est en effet possible pour chacun d’entre nous de développer notre connexion à la Terre et au Ciel. Nous avons tous en nous certaines capacités que nous développons en nous libérant de nos différentes blessures émotionnelles et transgénérationnelles. Le travail sur l’inconscient et sur le corps sont les plus efficaces pour libérer de l’espace intérieur et trouver sa voie, la voix du cœur.

Sur le sujet, tout le monde peut-il être chaman ? Pendant des années, j’aurai dit oui. Aujourd’hui, ma réponse serait non. Nous avons tous des “missions” différentes et tout le monde n’a pas vocation à être chaman. Il s’agit d’un choix d’âme qui entraîne de nombreuses initiations qui peuvent aller jusqu’à la mort. La plongée dans les ombres est tout sauf anodin. Il y a aussi un appel des esprits, c’est en tout cas ce que j’ai vécu et le choix n’existe pas. C’est une destinée. Puis viendra la reconnaissance de ses pairs, la dernière validation si je puis dire. Ce n’est pas un chemin comme les autres et sincèrement si j’avais eu le choix, je ne suis pas certaine que ce choix aurait été le mien 😉, c’est un chemin exigeant. Je vois de nombreuses personnes chercher à être chaman et j’admets que je n’en comprends pas la raison.

En repartant sur le chamanisme au sens global, j’aimerais évoquer l’humilité et le respect. En tant qu’être humain, nous ne sommes que peu de choses et pour autant nous sommes le personnage central de notre vie. Un équilibre constant est à trouver pour ne pas sombrer dans un besoin de puissance et de contrôle des éléments, sans quoi il y a des conséquences. Il y a une grande différence entre poser un cadre et contrôler, ça change tout.

Il y a aussi cette croyance qu’avec le chamanisme, nous devons être dans le “dur”, crier ou hurler pour obtenir un résultat. J’ai vite compris que cela ne me correspondait pas et très peu de gens (ça ne m’est que quelques fois) crie lors de séances ou de stages. J’ai eu quelques cas exceptionnels où des personnes vomissaient, mais encore une fois cela reste très rare. Mon approche est douce et la douceur n’empêche ni la puissance ni la transformation ni l’inconfort que provoque le changement et l’inconnu.

Finalement, le plus difficile est là, se transformer est complexe et demande de la patience, de la persévérance et de la discipline. Ce n’est pas vendeur et pour autant c’est une réalité. Ce n’est pas le cas tout le temps, cependant, certaines séances ou stages peuvent entraîner de grands bouleversements intérieurs difficiles à gérer pendant quelques jours, quelques semaines ou quelques mois. Les émotions trop longtemps enfouies demandent à être exprimées, faire preuve de douceur avec soi suppose de prendre son temps. C’est une réalité, plus on plonge profondément, plus on est confronté à cela. La majorité du temps, les changements sont progressifs et peuvent même parfois passer inaperçu. Au moment d’un bilan personnel avec soi, on peut se dire “Ah oui telle ou telle chose à changer pour moi”…

J’ai personnellement reçu l’enseignement de 3 femmes médecines avec une énergie très différente, allant de l’énergie masculine à l’énergie féminine pour finir par une énergie féminine avec un cœur d’enfant, totalement enveloppante. Je remercie ici ces merveilleuses femmes qui m’ont beaucoup appris : Sophie, Caroline et Donatienne. C’était en 2021 et 2022, ensuite j’ai cheminé longuement pour explorer mes blessures une à une et refermer toutes les failles qui étaient présentes.

Les plantes

J’ai aussi envie d’évoquer les différentes médecines autour des plantes. La seule plante avec laquelle j’ai travaillé est le cacao et la médecine d’ingestion des plantes est une médecine très puissante qui doit être prodiguée par une personne ayant été initié à le faire. C’est en tout cas ce qui fait sens pour moi. Une fois le travail effectué avec la plante, vous devrez vivre le restant de votre vie avec la plante et apprendre à évoluer main dans la main avec elle. Elle fait partie de vous. Ce message n’est pas destiné à vous faire peur, mais bien à vous inviter à bien mûrir vos réflexions en conscience avant de vous lancer. J’aurais aimé être informé de cela avant de prendre la plante. Naïvement, je pensais à l’époque : « C’est du cacao donc c’est comme du chocolat ». La réponse est non pas du tout.

Depuis très longtemps, l’homme a recours à des plantes hallucinogènes à des fins de quêtes de vision et de volonté de guérison. Je respecte totalement cette approche que je trouve merveilleuse toutefois, elle ne m’a pas appelé personnellement.

Je vais néanmoins, courant 2025, intégrer les plantes dans mes accompagnements à travers des bâtons de fumigation pour faciliter les voyages et les libérations. Depuis quelques années à présent, les arbres et plantes me transmettent de nombreux messages quand je suis ouverte à les recevoir, ce qui n’est pas toujours le cas. Je chemine sur ce nouveau chemin qui s’ouvre à moi, dans la découverte des bienfaits de la fumigation lors des voyages chamaniques.

Il y a cette croyance populaire que tous les chamans intègrent les plantes dans leurs accompagnements alors que, selon mes recherches, se seraient plutôt l’inverse.

Naïna